mercredi 2 juillet 2008

«Et maintenant fichez-nous tous ! » Une campagne pour les roms

par Giacomo Russo Spena Dans Il Manifesto 29 juin 2008-06-29
Prélever les empreintes digitales des enfants rom? Inadmissible. Un acte raciste. Si cette mesure était mise en œuvre “nous fournirons aussi non empreintes” pour protester et montrer notre indignation. Le monde associatiatif se prépare à contester le ministre Maroni et son ordonnance qui vise «le recensement» des habitants des camps nomades, y compris les mineurs.
Il n’a fallu que quelques heures pour que l’appel de l'Aned, (Association Nationale des ex Déportes), rencontre un consensus immédiat. «Si vous fichez les roms et les tziganes, vous nous fichez aussi- lit-on – Les mesures du gouvernement rappellent les mesures racistes utilisées par les régimes nazi et fascistes du siècle dernier ». D’autres déclarations analogues circulent mais aucun n’avait eu autant d’écho. Celle-ci est en train de faire naître une campagne nationale. Sont très nombreux ceux qui sont en train de signer l’appel et qui disent être prêts à se mobiliser. L’objectif: donner un signal, afin de «réveiller les consciences». C’est Pupa Garribba, juive recensée en'38 par les régime mussolinien, qui explique le sens de l’initiative de l’Aned: «Le jour où le camp sera fiché nous avons l’intention de nous présenter sur place et de donner aussi nos empreintes digitales. Il suffit de connaitre à avance la date du recensement». Une mobilisation de masse et pacifique visant à soutenir les roms et à lancer un message à l'opinion publique. «Un appel juste et auquel que nous souscrirons», c’est le commentaire qui se répand dans le monde associatif. «C’est une façon d’essayer d’arrêter le racisme institutionnel», affirme Antigone qui pointe le «grave silence» du Parti Démocrate sur la question. Mais ne manquent pas ceux qui, tout en regardant avec sympathie la proposition de l’Aned préfèrent intervenir de’ façon différente “ en veillant quotidiennement à l’intérieur des campements” Comme l’association Caritas. Entre temps l'Arci prépare pour le 7 juillet une initiative dans deux lieux «de l’extermination et du racisme de masse» contre les juifs durant la IIème guerre mondiale: à Portico d'Ottavia (Rome) et sur le quai 21 de la gare ferroviaire de Milan. Sont prévus des spectacles et des débats et des tables pour recueillir les empreints digitales de tout le monde et qui seront ensuite envoyées au ministère de l’Intérieur. «Maroni en distinguent entre les bons et les méchants finit par frapper tout le monde, il est de mauvaise foi explique Miraglia de l'Arci – Désormais on a dépassé toutes les limites et rappeler les lois raciales (de Mussolini ndt) n’est pas excessif ». Des mots très durs qui trouvent l’approbation deRenzo Gattegna, président de l'Union des communautés juives (Ucei), qui tout en attaquant les choix du ministre préfère ne pas faire de comparaison avec le passé : «Il faut garder le sens des proportions». Les associations reste en tout cas compactes pour dire non à la mesure du gouvernement et sont prêtes à s’y opposer. Y compris en «donnant» leurs empreintes digitales
Traduit de l'Italien par L. A.

A feu et à sang - Roms, immigrants et ouvriers en Italie

"Nous étions au milieu des années 90 et Massimo d’Alema leader du PDS (Partito dei democratici di Sinistra) voulait que l’Italie devienne « un pays normal ». Mais les monceaux d’ordures qui brûlent dans les rues de Naples ne font pas un pays normal. Alors faut-il ce rite sacrificiel par le feu, incendier les camps des nomades, pour effacer la honte et la souillure ? Les napolitains des quartiers périphériques, les plus pauvres parmi les pauvres, sont abandonnés au milieu des ordures, traités comme des ordures. Livrés à la Camorra par un pouvoir politique qui s’acharne à construire des incinérateurs géants et polluants aux côtés des centres habités. C’est vrai » a affirmé M De Gennaro « l’incinération produit des déchets toxiques » Le « commissaire aux ordures » nommé par le gouvernement pour faire face à la crise a avoué ce que les habitants proches des décharges ne cessent de proclamer. Les maladies, notamment les cancers ont augmenté de façon préoccupante à proximité des décharges contestées. Mais qui se soucie de la santé de ces habitants des quartiers populaires, déjà accablés par le taux de chômage le plus élevé de la péninsule ? Les beaux quartiers du Vomero, de Posillipo ne sont étrangement pas envahis par les ordures alors, pourquoi s’en préoccuper ?
Explosions de violence à Naples et à Rome
C’est dans ce contexte tendu que le 15 mai , après qu’une jeune rom de 16 ans ait été soupçonnée de l’enlèvement d’un enfant, des habitants de Ponticelli (banlieue de Naples) se sont livrés à de véritables pogroms contre des camps nomades des environs. Quelques jours plus tard des évènements d’une grande violence ont touché toute la péninsule visant des nomades, des étrangers ou des sympathisants de gauche. Dans la seule ville de Rome une succession de violences néofascistes a sévi impunément : Le 24 mai un groupe d’hommes armés, visages masqués par des foulards à croix gammée, a fait irruption dans un quartier populaire de Rome et a saccagé magasins et devantures, frappé des immigrés du Bangladesh avec des barres de fer en hurlant des slogans racistes. Le soir même, à Rome toujours, le D.J d’une radio gay est passé à tabac. Deux jours plus tard des militants du groupe néonazi Forza Nuova attaquent deux militants de gauche avec des gourdins au sein de l‘université de Rome La Sapienza. Le 29 mai, un danseur albanais a été agresse et frappé par trois hommes qui avaient pénétrés dans son école de danse en le traitant « d’Albanais de merde ».
C’est l’horrible palmarès d’une semaine dans la capitale italienne. Le nouveau maire de Rome continue à minimiser et à parler d’actes isolés dépourvus de signification politique. Le même Gianni Alemanno vient de proposer de donner à une rue de la capitale le nom de Giorgio Almirante, fondateur du parti néofasciste MSI et ancien combattant de la RSI (République mussolinienne de Salo’). Il est évident que quelque chose de très grave se passe en Italie dont beaucoup ne mesurent pas l’ampleur. Le même Gianni Alemannno, qui avait fait campagne sur le thème de la sécurité a réussi un exploit : alors que voici deux mois l’ISTAT (Equivalent italien de l’INSEE) déclarait la capitale italienne comme une des villes les plus sûres d’Europe, depuis l’installation du nouveau maire la violence raciste et néofasciste est devenue incontrôlable.
Chronologie d’un désastre
Mais que c’est s’est-il donc passé et comment un pays qui a vécu l’émigration, le mépris et le racisme envers ses ressortissants peut-il tomber dans pareille sauvagerie ? Pour comprendre tout cela il est nécessaire de faire quelques retours en arrière. (...)"

Pour lire la suite de l'article "A feu et à sang - Roms, immigrants et ouvriers en Italie", TERRA-Ed., Coll. "Reflets", 2008 : http://terra.rezo.net/article701.html